Le but du départ routier
AGSE – Site National Routier
Une histoire cruciale d’actualité
L’équipe de rédaction du Fanion (District du Sacré Coeur -Val de Marne) m’avait demandé un article de réflexion, il y a quelques années et qui parut dans Maîtrises ensuite. En le mettant en ligne, Je vous propose, à la lumière des fondateurs du scoutisme, de redécouvrir le but du Départ Routier. Cet article pourra paraître un peu long, mais il se veut complet.

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Pour certains, le Départ Routier est une suite logique de la progression scoute, omettant peut-être aussi un peu en quoi elle est logique. Pour d’autres, il s’agit plutôt du terme d’un cursus pédagogique scout qu’on se doit de parcourir. Pour d’autres encore, c’est un engagement facultatif ; (puisqu’il n’est pas obligatoire), et un peu inutile puisqu’on peut rendre service discrètement sans les galons de la fonction.
Ces distinctions dans les esprits sont l’expression de différentes visions du scoutisme. Pourtant il n’y a qu’un seul scoutisme ! Même si celui-ci a évolué, s’est amélioré, c’est en référence aux principes fondateurs, et aux fondateurs eux mêmes. C’est aussi dans la recherche de la Vérité-une que le scoutisme demeure le même. Par surcroît, le scoutisme catholique se voulant un mouvement d’Église, nous avons un devoir sacré à demeurer dans le Christ qui est justement la Voie, la Vérité et la Vie, et à garder notre fidélité envers l’enseignement (Magistère) de Son Église.
Remontons donc notre tradition (tradere en latin = transmettre) et tâchons de redécouvrir, à travers l’histoire du scoutisme, le but du Départ Routier
B.P. définit pour le Routier différents objectifs concrets liés à différents types de service, comme le secours par exemple, ou bien encore d’autres services d’ordre civique. Pourtant il perçoit comme dans le cérémonial du départ Routier que le Règne du Christ est le but de notre Route, et que les services, voire les épreuves de foi que Dieu nous propose, soient un moyen d’y parvenir : “Faire naître entre les hommes plus d’amitié avec un esprit réellement chrétien…Contribuer a établir plus solidement la paix et la bonne volonté parmi les hommes, c’est à dire le règne de Dieu sur la terre” in le Routier 1931, p 17 et introduction de BP.
Dans son livre “la Route du Succès”, BP essaye de concevoir de façon idéale le Routier-Scout, viril, sobre, débrouillard, compétent dans des techniques diverses, faisant preuve d’une certaine exemplarité, ayant le souci de sa formation personnelle dans différents domaines, témoin de ce qu’il vit et de la sorte apôtre, citadin et homme des bois, au service des autres de façon accrue.

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Derrière ces “composantes” du Routier Scout, une ligne directrice demeure, le scout, comme son nom l’indique, est fait pour guider, éclairer, reconnaître pour les autres, et leur indiquer le bon chemin, comme des éclaireurs militaires le font à l’avant d’une troupe.
Cet aspect est essentiel dans la pensée de BP. Premièrement parce qu’il a lui-même mis en place l’éclairage comme principe d’action dans l’armée, deuxièmement parce qu’il a transposé ce principe d’action militaire en principe d’action civique et spirituelle, en éduquant les jeunes pour cela. Dans ses fondations mêmes, le scoutisme n’est donc pas fait pour lui-même mais pour guider les autres à sa façon vers le bon chemin ; il n’y avait qu’un pas à faire pour montrer que ce bon chemin n’était autre que Celui qui est la Voie, la Vérité et la Vie.
Si BP met au point une méthode pédagogique scoute pour l’éducation des plus jeunes, le scoutisme est pour lui un style de vie, un choix de vie. Il affirme d’ores et déjà pour le routier adulte que « la Loi des routiers est la même que celles des scouts dans la forme (cf cérémonial du Départ Routier) et dans l’esprit, mais il faut la voir d’un point de vue différent, du point de vue d’un homme.»

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Dans l’esprit de BP, il est évident que la vie des éclaireurs débouche sur celle des routiers, sinon pourquoi aurait-il mis tant d’énergie à mettre sur pied sa méthode pédagogique ? Car n’oublions pas que BP partit d’un double constat pour lancer le scoutisme : d’une part la faillite personnelle d’un certain nombre d’adultes (d’où la Route du Succès) et d’autre part l’éducation inexistante ou trop conventionnelle dont bénéficient de nombreux adolescents (« il appartient à ducs et maçons de devenir des gentlemen » explique-t’il ). BP est donc certain que le scoutisme se vit dans l’âge adulte. Il explique même : “ et cependant comme Routier, il faut te rappeler en franchissant le seuil qui conduit de l’adolescence à l’âge adulte, que tu n’apprends plus à pratiquer la Loi Scoute, mais que tu l’utilises réellement pour la conduite de ta vie. Bien plus, tu es dans une situation telle que tu dois donner l’exemple aux autres, ce qui peut les conduire vers le bien ou vers le mal, suivant que tu modèles ta vie ou non sur la Loi Scoute”. Rude tâche que d’avoir choisi d’être éclaireur à vie pour éviter aux siens (nous qui sommes du genre humain) de tomber dans les embuscades de l’Adversaire ; car tel est l’enjeu du Départ Routier.

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Même si BP dans sa mission a été grandement motivé par l’amour de son pays ; d’ailleurs encore fortement imprégné du christianisme dans sa culture ; il ne peut distinguer ce dernier de l’amour de Dieu. Cette fidélité, lorsqu’elle est ouverte aux autres, est dans l’ordre de la charité ; lors de l’effondrement du Pacte de Varsovie, le Pape Jean Paul II n’a-t’il pas félicité les prélats hongrois pour leur triple fidélité à l’Esprit-Saint, à l’Eglise et à leur pays ( ! ). Ainsi imprégné par la culture chrétienne de son pays et malgré les limites de la foi anglicane, BP par son action a été le bienfaisant instrument de la Providence (car l’Esprit-Saint souffle où il veut et quand il veut) et la pédagogie qu’il a ébauchée jour après jour, prendra plus tard, grâce aux fondateurs du scoutisme français, toute sa dimension dans la foi catholique.
D’ailleurs BP dit lui-même en octobre 1919 dans H.G. la chose suivante :
« on peut vraiment dire qu’une bonne proportion du mouvement scout pris dans son ensemble est formée de catholiques, et je me réjouis qu’il en soit ainsi”.

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Le Départ Routier prendra lui aussi cette autre dimension. Citons sans crainte l’abbé Ch. Marchant contemporain du père Sevin: “La réussite géniale du Père Sevin: faire entrer le scoutisme dans la vie même de l’Eglise. Il eut l’audace, nous dirions même la ténacité, de croire que tout le système de Baden Powell demeurait ouvert à l’Evangile. Il prit le scoutisme tel que lui avait livré son fondateur, et sans renier de la méthode, il la greffa sur le tronc de l’Eglise mère : la Loi Scoute se rattache à l’Evangile qui lui sert de base et de soutien ; l’esprit scout se modèle sur celui du Christ”.
Pour preuve s’il en faut que le système de BP, pour ne pas dire BP lui-même, demeurait ouvert à l’Evangile et à cette distinction catholique, ce fut d’admettre le Père Jacques Sevin comme Deputy Camp Chief, et donc de lui octroyer la même accréditation internationale que celle des camps anglais. Si l’esprit scout se modèle sur l’esprit du Christ, on devine aisément la dimension mystique future du Départ Routier dans le cadre du scoutisme catholique.
Les fondateurs du scoutisme français étant prêtres, la croissance spirituelle – et c’était l’enjeu – prend tout de suite une importance plus marquée. La pédagogie éclaireur étant très bien définie par BP (on peut en dire à peu près autant, semble-t’il, du louvetisme), il a été sans doute plus aisé pour les fondateurs français de travailler dessus. A l’inverse comme nous l’avons dit plus haut, la pédagogie route anglaise est plus floue.
Pourtant les fondateurs français, notamment le Père Doncoeur, Aumônier National Route, imaginent bien à partir de l’idéal éclaireur, l’idéal routier. Ainsi dans son recueil “Propos de Route”, le Père Doncoeur identifie le Routier-Scout à un apôtre. Voici quelques extraits de son chapitre “le Départ des Apôtres”, qui illustrent bien l’analogie du lien d’amour qui existe entre le Christ et chacun des apôtres et celui que le RS, grâce à Dieu, veut vivre lorsqu’il prend son Départ :
Les jeunes compagnons (les équipiers-pilotes à l’AGSE), c’est par la discipline de la Route qu’Il (le Christ) en fait peu à peu ses apôtres ; dur noviciat routier. Il les entraîne par une marche intrépide, impitoyable, sans feu ni lieu, affrontant aussi bien le soleil que la tempête, les hommes qui Le haïssent, les puissants qui Le tueront. Il leur a forgé des coeurs d’hommes, Il leur a dit sa doctrine, son but et finalement sa mort.

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Les jeunes compagnons (les équipiers-pilotes à l’AGSE), c’est par la discipline de la Route qu’Il (le Christ) en fait peu à peu ses apôtres ; dur noviciat routier. Il les entraîne par une marche intrépide, impitoyable, sans feu ni lieu, affrontant aussi bien le soleil que la tempête, les hommes qui Le haïssent, les puissants qui Le tueront. Il leur a forgé des coeurs d’hommes, Il leur a dit sa doctrine, son but et finalement sa mort.
Quand ils auront, après une chute lamentable, compris que leur force ne pouvait venir d’eux, et qu’ils auront reçu du Saint Esprit le feu qui est à la fois lumière et énergie divine, alors ils seront prêts au “Départ” : tout ce qui s’est passé depuis deux ans (ce qui aujourd’hui serait le temps pilote EP-RP), ce n’est pas pour le plaisir d’une belle aventure, ni même d’une belle amitié. On n’est pas Routier pour se promener sur les routes. On prend la Route pour aller quelque part et non pour tourner en rond. Quand on est prêt, on part ! Ce jour, les apôtres partirent, chacun dans sa direction….Son geste leur avait montré le monde entier : “Allez, leur avait-il dit, prêcher l’Evangile à toutes les nations”. Il faut bien te mettre cela dans la tête, Jésus-Christ n’est pas venu pour quelques bons amis, quelques bonnes âmes pieuses, fidèles de toujours. “Je suis venu chercher ceux qui étaient perdus”. Et un égaré, un infidèle, tu le sais, vaut pour son cœur quelque chose ! Il y a encore beaucoup de brebis qui ne sont pas de ce troupeau. Mais Il avait beau faire, c’est par centaines de millions qu’il aurait fallu les attraper. Il est mort avant. Alors Il passe la tâche à ses compagnons-routiers.
Retiens deux choses :
LE ROUTIER EST FAIT POUR SON DEPART. N’OUBLIE JAMAIS QUE LA ROUTE EST COMME UNE AMIE ET QU’ELLE T’APPELLE POUR QUE TU MARCHES HARDIMENT, SEUL PEUT-ETRE, AU TRAVERS DES FORCES HOSTILES, “FAISANT TA ROUTE
Le Père poursuit son explication du Départ en l’illustrant notamment de son symbole le plus magistral ; prêtre : “Si le Christ t’appelle à le suivre en quittant tout pour prêcher l’Evangile, pour être prêtre avec Lui, sauveur avec lui, sache que c’est la plus belle part ; n’hésite pas une minute, toi aussi pars ! Mais, qui que tu sois, tu es apôtre, tu es envoyé, tu es témoin. A toi aussi une part de la conquête du monde t’est assignée.”
Sans nul doute le Père Doncoeur se réjouirait-il de découvrir les enseignements du Concile Vatican II et de Jean-Paul II sur l’apostolat des laïcs. “Ne dis pas que c’est un fardeau, poursuit-il. Tu sais que c’est un fameux honneur que tu n’as pas mérité. Ne déroge pas…Attire d’autres frères chrétiens à la Route (et à son esprit), pour qu’eux aussi comprennent la splendeur de la vie et que de vous tous, un jour, le Christ soit fier devant son Père”.
On ne peut mieux résumer la spiritualité de la Route et du Départ; après quoi le Seigneur propose à chacun la Route qui lui est propre.

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Pourtant, ces différents caps de la Route ainsi définis furent circonstanciellement mis à mal, comme le reste du scoutisme des années 30 à 70, pour des raisons diverses :
- querelles de personnes ou de pouvoir (comme toujours ; d’où l’extrême nécessité de respecter le principe de subsidiarité voulu par la doctrine sociale de l’Eglise),
- opposition, voire confusion, entre les matières temporelles et les matières spirituelles, même dans les esprits chrétiens, au lieu de voir leur distinction dans leur nécessaire complémentarité,
- incapacité à voir le lien ontologique (relatif à l’être) entre Foi, culture, social et politique, alors qu’au cœur de ces matières, il y a l’homme créature de Dieu (toujours la doctrine sociale de l’Eglise, mais avec des précisions très claires lors du Concile Vatican II)
- empiétement plus ou moins conscient des clercs sur les laïcs et inversement (cf Christes fideles laicii).
- étiquetage du scoutisme dans le camp du progressisme ou du conservatisme, avec l’influence qui en résulte sur les esprits des chefs.
Et le tout dans une époque troublée ou l’idéologie socialisante, qu’elle soit nationaliste (Italie, Allemagne) ou internationaliste (URSS), veut s’enraciner dans la culture des populations et la politique des États.
Ainsi, en filigrane de la pensée des fondateurs, nous devinons aisément que comme “ROUTIER-SCOUT-APOTRE” pour reprendre le terme du Père Doncoeur, le but de notre Route est le Règne du Christ “Que ta volonté soit faite sur la terre comme au Ciel”: Règne de son Amour et de sa Volonté en nous mêmes tout d’abord, nécessairement le premier lieu des combats, mais aussi certainement le plus âpre.Le 15 mars 1933, le Père Sevin fera indirectement les frais de cette époque bouleversée et devra quitter le mouvement scout (cf “Le Père Sevin, une identité” par le Père MANARANCHE). Le scoutisme au sortir de la seconde guerre mondiale (pendant laquelle beaucoup de chefs ont été décimés), gardera pour l’essentiel ses traditions pédagogiques, mais perdra un temps soit peu le cap voulu par ses fondateurs. La décrépitude de la Route en est le signe le plus clair. Car si nous avons vu plus haut que le Routier est fait pour son Départ, c’est aussi conséquemment au fait que le scoutisme est fait pour la Route ! Ainsi logiquement par la suite, ce sera la pédagogie scoute des autres branches qui sera remise en cause.
Mais nous devons aussi travailler à son règne d’Amour dans notre famille, dans la famille des familles que forme un peuple ou une nation “de toutes les nations faites des disciples”, dans la culture qui est l’âme d’un pays (l’âme française, pour reprendre Jean Paul II lors de sa visite à Reims en 1996), mais aussi dans la politique qui dans sa définition grecque est l’art de gouverner et d’être au service de la cité, en quelque sorte une charité politique au nom du Christ. Le système des patrouilles (responsabilité, délégation, conseils) procède par exemple de cet art politique chrétien tout en y rendant témoignage.
Le scoutisme est un mouvement d’Eglise (cf Jean Paul II, dans son exhortation apostolique Christi fideles laici, donne les différentes conditions qui permettent à un mouvement de laïcs d’être un mouvement d’Église « non pas en vertu d’une concession de l’autorité (ecclésiastique), mais du baptême ») et notamment un mouvement laïc d’éducation de jeunes, mais pas uniquement puisque de BP à aujourd’hui, nous avons pu voir que le scoutisme adulte est une évidence et une nécessite. Dans le cadre de ces deux missions (mouvement d’Eglise et éducation) , le scoutisme cherche à faire grandir “tout l’homme” (cf les 5 buts du scoutisme) dans chaque personne.
Le scoutisme ne cherche donc pas à être en tant que tel un mouvement social, politique, culturel ou économique, mais il cherche à donner le goût et l’envie à des personnes à engager définitivement leur vie derrière le Christ et son Eglise au travers de leur vocation personnelle, religieuse, familiale, professionnelle, sociale, culturelle, politique, économique et scoute pour ceux qui demeurent chefs et éducateurs dans le mouvement….C’est bien évidemment dans le Départ Routier que le scoutisme accomplit donc sa mission.
Il suscite ainsi des “apôtres” qui veulent demeurer fermes dans la Foi, soutenus par la Parole du Christ et le Magistère de Son Eglise, et voulant vivre toujours selon la Loi Scoute qui les a fait grandir.
C’est cette multitude d’apôtres qui finit par faire, chacun sur la route confiée par le Seigneur, un mouvement autant dans l’acception courante que donne le dictionnaire, que dans celle donnée par l’Eglise (Christi fideles laici) :
« Critères fondamentaux pour le discernement de toute association de fidèles laïcs dans l’Eglise :
Primat donné à la vocation de tout chrétien à la sainteté, manifesté par les fruits de la grâce que l’Esprit produit dans les fidèles.
Engagement à professer la Foi Catholique… en conformité avec l’enseignement de l’Eglise. Toute association de fidèles laïcs devra donc être un lieu d’annonce et de proposition de la foi et d’éducation à cette même foi dans son contenu intégral.
Le témoignage d’une communion solide et forte dans sa conviction en relation filiale avec le Pape, centre perpétuel et visible de l’Eglise universelle et avec l’évêque, principe visible et fondement de l’unité de l’église particulière.
L’accord et la coopération avec le but apostolique de l’Eglise qui est l’évangélisation et la sanctification des hommes, et la formation chrétienne de leur conscience, afin qu’ils soient en mesure de pénétrer de l’esprit de l’Evangile les diverses communautés et les divers milieux.
L’engagement à être présents dans la société humaine pour le service de la dignité intégrale de l’homme,conformément à la Doctrine Sociale de l’Eglise. »
in Exhortation apostolique Christifideles laici, Jean Paul II 30 décembre 1988 – (ou : La vocation et la mission des laïcs dans l’Eglise et dans le monde).

Crédit Photo : Sanctuaire National Saint Jean-Paul II
Ainsi donc, supprimer ou ignorer le Départ Routier reviendrait à faire disparaître la mission première du mouvement scout, son essence même, et à transformer ce dernier, soit en une association amorphe de suiveurs de tout sauf du Christ (version tiède), soit en une association activiste qui permet de croire qu’on existe toujours (version des utopies, des extrêmes et de l’action inutile).
N’oublions donc pas que le Départ Routier est, pour le scout, le moment où il comprend qu’il doit entraîner et montrer aux autres de par sa vocation d’éclaireur à vie, que personnellement, spirituellement, socialement, charitablement, médicalement, religieusement, politiquement, culturellement, économiquement, bref saintement et universellement (catholique en grec), Jésus le Christ Notre-Seigneur est la Voie, la Vérité, et la Vie. Si cet apostolat du Routier-scout a pu se faire des années 30 à 70, dans le paroxysme des oppositions de tout genre, aujourd’hui il n’est plus face à des certitudes, mais face à la confusion quasi générale des esprits, en quelque sorte un gigantesque champ retombé en friche et en broussailles épaisses.
Cependant, on n’est bon apôtre que dans l’humilité, lorsque pour être au service des autres on laisse le Christ agir en nous : “ Veux-tu , en toute chose, rechercher humblement le Vrai et servir librement l’ordre retrouvé sans écraser les autres sous le poids de ta découverte ?”
(Cérémonial du Départ Routier).

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« Rechercher humblement la Vérité et dans ce but se dépouiller du superflu et vivre en familier de la nature. »
« Servir toujours et dans ce but aller vers les autres. »
« Progresser et se reprendre, pour faire demain mieux qu’aujourd’hui (c’est le secret de l’âme qui sait rester dans l’éternelle jeunesse de Dieu, ajouterais-je). »
« Vivre en esprit de mission, pour participer à la construction du Règne de Dieu, quoi qu’il en coûte. »
« S’enraciner dans l’esprit des Béatitudes. »
– Accompagnement par un directeur spirituel,
Retraite d’élection, (les Exercices de St Ignace sont les plus méthodiques),
– Formation chrétienne continue, famille, Foi, profession, service de la cité
(lectures personnelles ou cercle d’étude, retraites)
– Service de l’Eglise ( diocèse, paroisse) ».
Voilà au fil de ce survol historique du scoutisme comment le Départ Routier apparaît comme un objectif évident et naturel pour le scout. Reste à savoir quand et comment on prend son Départ. Mais, il est à l’ordre du jour lorsque les deux objectifs ci-après se conjuguent : celui du mouvement scout qui, par ses chefs, estime que l’éducation scoute de base est achevée et que l’on a réussi à amener quelqu’un de gré aux portes de son Départ Routier (car c’est la mission de cette éducation scoute que d’amener un garçon à prendre seul et en pleine conscience cet engagement à vie), celui du scout lui-même qui découvre finalement que tant que le Départ Routier n’a pas été pris, on s’est en quelque sorte bien servi, mais on n’a pas fait le vœu de tout donner au Seigneur, (Certains peuvent toutefois l’avoir fait en dehors du scoutisme (cf Chapitre sur cérémonie du Départ Routier) et de vivre tout son scoutisme cette fois-ci en tant qu’adulte.
Merci de m’avoir permis à travers ces lignes de méditer une nouvelle fois la réalité de mon Départ.
Alain C.